Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

36 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

dant sa longue absence, des dissensions inteslines avaient désolé son pays, et Mahmoud Pacha, avide d’en profiter, avait levé une armée avec laquelle il ravageait la Liechanska et la Riechka Nahia. Au mois de juin (1785), il arriva jusqu'à Tsettinjé et brûla le monastère. La Katounska presque tout entière eut le sort des autres Nahia, et les Vénitiens, se mettant même du parti des Turcs, envoyèrent à Tsettinjé des vivres à l'armée du pacha. Celle-ci, redescendant à travers le Lovchen, et traversant le territoire vénitien de Braitché et de Pachitrovitchi qu’elle dévasta, retourna ainsi en Albanie.

C’est dans cette situation lamentable que le vladika Pierre I trouva son pays, quand il y arriva à l'automne de 1786. Plus d’une année dut être employée par lui à ramener la concorde parmi les chefs et la confiance dans le gouvernement, à obtenir de nouveaux serments d'obéissance, enfin à relever les ruines amoncelées, et en particulier celles du monastère de Tsettinjé.

La Russie et l'Autriche ayant de nouveau déclaré la guerre à la Turquie (25 janvier 1788), les alliés songèrent à obtenir encore en cette occasion l'appui des Monténégrins, et pour cela le major autrichien Philippe Voukasovitch fut envoyé avec quatre cents soldats et des subsides, apportant en outre avec lui une lettre de Joseph II. La perspective de combattre remplit le peuple d'enthousiasme; mais Pierre L* comprenant que cette guerre n’aboutirait à rien pour son pays, et réfléchissant aussi que la Russie ne faisait aucune invitation dans le même sens, n’était nullement disposé à prendre les armes. Sur ces entrefaites arriva le colonel russe Toutolmin, porteur d’un ukase de Catherine Il et chargé d'inviter le vladika à se joindre à la lutte qui se préparait. L'hésitation n’était plus possible, aussi l’on promit à Toutolmin de faire ce que l’on pourrait et, de son côté, il engagea fortement les Monténégrins à suivre les conseils de Voukasovitch.

Comme les Bouchatlia s'étaient déclarés indépendants dela Porte, Voukasovitch crut pouvoir tenter d’entrainer dans le