Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE QUINZIÈME. 315

diète prolongée et les repas copieux. À Ja seule condition de trouver sur sa roule des fontaines où il puisse s'abreuver à son aise, il pourra, Sans souffrir de l’abstinence, marcher pendant des journées entières. Inondé de sueur, haletant, il se précipite vers une source, ingurgite coup sur coup d'énormes quantités d'eau fraiche, puis reprend sa course avec une infatigable ardeur, comme ranimé par ces nouveaux matériaux fournis à son abondante transpiration.

Les bains lui sont mconnus, et l'on a pu dire avec raison que, de sa naissance à sa mort, l'immersion dans l'eau du baptême’ était la seule qui lui fût permise. À son réveil, il se contente d'une rapide ablution sur la tête tout entière, répare à peine le désordre de sa longue chevelure et, s’il n'appartient point à une classe un peu élevée, ne songe à changer de linge que lorsque la chemise qu'il a revêtue tombe elle-même en lambeaux. Le mouchoir de poche étant inconnu parmi le peuple, celui-ci en remplace l'usage par les praliques les moins compatibles avec les bienséances sociales les plus élémentaires. La saleté du linge et des vêtements de lame imprégnés de toutes les exhalations de l'individu et de l'extérieur; l'atmosphère impure des habitations; une promiscuité telle que le même lit recoit trois ou quatre personnes à la fois; l'usage commun des mêmes ustensiles dont la propreté n'est jamais contrôlée ; le mépris absolu de toutes les observances et précautions hygiéniques ne peuvent moins faire que d'engendrer à la longue des maladies cutanées nombreuses et rebelles, et, si

1 Suivant le rite orthodoxe on plonge entièrement l'enfant dans le baptistère.