Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE QUINZIÈME. 219

portent sans doute les nombreuses dyspepsies qu'on observe chaque jour. Dans certaines régions du pays, surtout dans les Berda, on rencontre accidentellement l’éléphantiasis ; les lipômes ne sont point rares : une femme en a offert jusqu'à 150 sur sa personne. Malgré l'usage des viandes salées, le scorbut n’atteint personne : il est vrai que cette alimentation se trouve naturellement corrigée par les fruits acides et le lait caillé. Enfin, grâce à la présence de plusieurs espèces de vipères qui infestent les rochers de la Montagne-Noire, des cas de morsures envenimées se présentent chaque année et sont, en partie du moins, suivis de mort. Les maladies des yeux ne sauraient être que fréquentes chez des gens exposant continuellement des organes aussi délicats à toutes les atteintes extérieures. Aussi les blépharites, les conjonctivites , les kératites de toute forme, le ptérygion, l'iritis avec toutes ses conséquences s'offrent journellement à l'observation. L'habitude générale de travailler le bois à la hache, sans le secours de la scie , est aussi une cause fréquente - de blessures de l'œil qui donnent lieu consécutivement à des cataractes nombreuses. La myopie, ainsi que nous l'avons dit dans une autre occasion, est extrêmement rare; la presbytie semble elle-même presque impuissante à atteindre l'œil du Monténégrin, doué d’une force si puissante d'accommodation. L'usage des lunettes est du reste presque inconnu en Tsernagore, ce qu'il faut attribuer sans doute à un amour-propre mal placé, qui ne veut confesser aucun défaut, ou bien à la crainte de passer pour ridicule en n'étant point comme tout le monde. Pour compléter ce qui précède, disons quelques mots encore des pratiques médicales les plus répandues chez les Monténégrins, pratiques dans lesquelles on cherche-