Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE QUINZIÈME. 431

à envoyer chaque année suivre les cours de l’école de médecine de Belgrade, un ou deux jeunes Monténégrins ayant terminé les cours de l’école normale, de façon à échelonner ensuite, dès la quatrième année, leurs retours successifs dans le pays. Si un pareil projet eût été réalisé, la principauté aurait dès aujourd’hui à sa disposition les premiers éléments d'un service médical confié à des nationaux; et les sommes relativement considérables que le budget alloue à des étrangers, tous gens de passage, retourneraient plus normalement et plus fructueusement dans les mains de Monténégrins, pour lesquels elles deviendraient une fortune inespérée. En temps de guerre, comme en temps d’épidémie, on n’aurait plus alors à recourir à grands frais à des aventuriers, dont le savoir sans contrôle ne saurait inspirer une grande confiance. Du reste, nous avons pu nous convaincre, par une expérience probante, que les Monténégrins apporteraient à l'étude des sciences médico-chirurgicales les aptitudes qu'ils manifestent dans toutes les branches de l'enseignement qu'ils reçoivent ; car, ayant institué à titre d'essai, en 1872, à la Bogoslavia, un cours de chirurgie élémentaire, nous arrivâmes en quelques mois à des résultats tels, que nos élèves auraient pu, en ce qui concerne ces premières notions, toujours trop négligées au point de vue pratique, en remontrer à certains médecins sortis des facultés.

Disons encore, en finissant, qu’en face de la difficulté où se trouve la principauté, de recruter à l'étranger et de fixer dans son sein un personnel médical de quelque valeur, c'eût été, de la part du gouvernement, à la fois un acte de prudence ct une preuve de sagesse, de s'attacher, sinon par des bienfaits qu'ils ne réclamaient