Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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à la section, plus ou moins problématique, de quelque filet frappé de névralgie, nous nous y refusons complétement. Il y a là quelque chose d’inexpliqué, ou plutôt le succès de lopération ne serait-il complet qu’à la condition d'atteindre directement un sinus, de façon à produire une certaine hémorragie? L'ignorance des chirurgiens dont nous parlons ne leur permet pas de faire cette distinction, et d'appréhender les conséquences d’une lésion qui, du reste, s’il faut en croire les assertions d'un grand nombre de chirurgiens célèbres, n'entraînerait le plus souvent aucun accident sérieux. Dans ce cas, l’hémorragie qui a lieu, et que le chirurgien favorise en inclinant la tête du patient, agirait comme une saignée locale et dégorgerait le cerveau par le sinus entr'ouvert.

Ajoutons en deux mots que l'expérience populaire ne saurait se tromper pendant de longues générations, el que si les Monténégrins, comme les Arabes, ont persévéré dans un errement chirurgical qui nous parait monstrueux, c’est qu'ils en éprouvèrent quelque bienfait, et toutes les théories scientifiques viennent échouer devant l'évidence du fait accompli, ce qui fait dire à Vauvenarques, bien judicieusement, que : « Les théories sans les faits ne sont que des métiers d'esprit. »

Presque absolument dépourvue de médecins, ceux qui s’aventurent au Monténégro n'y faisant guère qu'une apparition, la principauté restera sans doute longtemps encore à la merci des rebouteurs auxquels elle abandonne le soin de la santé publique ; et pourtant il eût été facile de procurer progressivement au pays l'élément médical qui lui fait défaut, en mettant à exécution le plan que nous avions proposé dès 1869, et qui consistait