Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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4 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

redoutes les hauteurs, s’en faisant autant de forteresses où ils s'enfermèrent, '

Ségnavine, qui s'était rendu à Trieste, se hâta de revenir le 27 mai à Gattaro, et le 1 juim, avec toute sa flotte et les bateaux boccésiens, il se dirigea sur Raguse où, de concert avec le vladika, il devait s'emparer de deux points importants : le mont Bergat et l'ile de Lacroma. Le 3, le vladika, avec les troupes Russes du major Zabiélin, serra de plus près la ville de Raguse, et le lendemain fut rejoint dans son camp par de nouvelles troupes arrivées de Corfou et de Cattaro.

La journée du 5 fut marquée par une attaque générale des positions occupées par les Français ; les Monténégrins firent des prodiges de valeur, gravissant sous le feu de l’artillerie des hauteurs presque inaccessibles, et forçant l’ennemi d'abandonner toutes ses premières lignes. On se battit jusqu'à la nuit avec des pertes sérieuses de part et d'autre, et les Monténégrins emportés par leur sauvage naturel, brülèrent toute la partie des faubourgs de Raguse où ils purent pénétrer. Dans la journée du 6, les Russes tentèrent vainement de prendre l'ile de Lacroma, et les Monténégrins coupèrent l’eau à Raguse et resserrèrent de plus en plus l'investissement de la ville. Du 7 au 12, les Russes construi‘sirent des batteries qui, ouvrant leur feu, semèrent bientôt la mort et la dévastation dans la forteresse. Raguse n'avait plus qu'à se rendre, si un ordre de l’empereur Alexandre ne fût inopinément arrivé pour changer la situation des belligérants. Le tsar prescrivait en effet de rendre les Bouches aux Autrichiens qui, à leur tour, devaient en faire la remise aux Français. Les Monténésrins, à cette nouvelle, perdirent courage et s’en retournèrent par petites bandes dans leurs montagnes, laissant devant la ville les troupes russes incapables de tenter une ättaque définitive. Lauriston, sommé deux fois de se rendre, n’y répondit qu’en exécutant plusieurs sorties, Où il fit beaucoup de mal à lassiégeant, et enfin l'arrivée du général Molilor à la tête de trois mille hommes, le 24 juin, ayant rendu toute lutte