Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France
40 PACTE DE FAMINE ‘
y LETTRE DE LE PRÉVOT À M. JEAN-L. BLANCHON, député à l’Assemblée législative.
Monsieur,
Mon affaire ayant été renvoyée hier au Comité des lettres de cachet, j'ai voulu commencer à le connaître ce matin, etrien ne m'a plus surpris que d'apprendre que le bureau n’est point monté, qu'il est fermé, que les quatre membres n'y ont point encore travaillé, qu’il ne s’y trouve quelquefois qu'un ancien commis de l’Assemblée constituante, que les pièces en ont été emportées par M. Lecamus, sous prétexte de les garder. Voilà les affaires du publie bien en sûreté dans les mains d’un membre ministériel pour anéantir toutes celles qu’il voudra. Il faut pourtant bien vite les retirer, prendre son affirmation de n’en retirer aucune, et l'en décharger s’il les rend. Vous avez été nommé, Monsieur, pour le retrait avec M. Baüdin; mais votre collègue a le transport au cerveau depuis trois jours, sa maladie peut être longue ; en ce cas, daignez vous faire donner un autre adjoint ; demandez aussi quatre commis de bureau pour préparer et mettre les affaires eh état d'être rapportées à tour d'ancienneté. Proposex-moi de les disposer en qualité de premier commis du Comité, et je vous assure qu’il ne se passera pas de semaine qu’il n’en soit expédié plusieurs en bon état de rapport, et qu'il n’en restera pas à la fin de l’Assemblée actuelle. Je suis la principale des victimes d'État, mais, comme partie, c'est à MM. les commissaires à rédiger le rapport de l'affaire qui me regarde sur toutes les pièces que je produirai. Au lieu de quatre membres du Comité, on eùt dû en nommer huit, eu égard à la quantité d'affaires qui sont à expédier. Ceux établis par l’Assemblée constituante n’en ont pas expédié une seule ; ils ne sont pas même venus reconnaître leur bureau. Le fameux Mirabeau n’y est jamais entré. Jugez de la formation de ce comité. Les autres de l’Assemblée constituante ne faisaient rien non plus pour le public, et tous ne s'occupaient dans ces derniers temps qu’à augmenter la puissance du Roi et à altérer les décrets constitutionnels. On prodiguait les fonds de la nation à des intrigants astucieux, auxquels il n’était rien dû, de préférence aux malheureuses victimes d'État qu'on n’écoutait pas. Le public indigné s’est refroidi et maudissait sur la fin ce qu'il avait tant admiré. Il est bien important, pour la second: législature, de montrer de l'énergie contre le pouvoir exécutif : ce sera toujours la force du peuple qui soutiendra les assemblées, quand il se verra lui-même soutenu d'elles. — On ne peut être, Monsieur, avec plus de dévouement fraternel que
je suis
Le Prévôr DE Braumowr. Le 20 octobre 1791. Cloître de Saint-Germain-l’Auxerrois, à côté de l’ancien presbytère.
(Mortimer-Ternaux. Histoire de la Terreur, V, 522.