Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

22 LE PACTE DE FAMINE

tage pour calmer la panique qui s'était manifestée. Deux ou trois cents muids de blé provenant des achats faits par le Roi avaient êté déposés dans les greniers du coliège Mazarin : devenus inutiles. ils furent vendus au peuple à bas prix *. »

Lors de la disette de 1692 « la misère publique fut bien adoucie par les charités que le Roy eut la bonté de faire passer par les mains du magistrat de Police, et répandre par les commissaires des quartiers dans les maisons des pauvres honteux, et même jusques dans les places publiques chaque jour de marché, pour faire avoir du pain à ceux qui paroissoient dans une plus grande nécessité : et cela ménagé avec secret et discrétion pour éviter l’accablement de la multitude qu’il n’auroit pas esté possible de satisfaire si tous en avoient eu connoissance.…. » L'année suivante, la disette persistant, « le Roy fit acheter des bleds, batir des fours dans son château du Louvre, et le pain qu'on y cuisoit fut distribué tous les jours au peuple à un prix au-dessous de la moitié de ce qu'il coutoit et de ce qu'il se vendoit ailleurs, S4 Majesté voulant bien supporter seule charitablement la perte du surplus. Il s’en distribuait chaque jour cent mil livres pesant. L’on marqua en niême temps cinq endroits dans Paris ? en differens quartiers pour faciliter cette distribution, qu'un trop grand concours dans un même lieu auroiït pu troubler... » Mais ce mode de distribution provoqua de nombreux abus : « Les gens riches, mais avares ou trop menagez, en envoyoient achepter par leurs gens pour les provisions de leurs maisons. Des regratiers, par un abus encore plus grand, en prenoient à ce bas prix et le revendoient le double *. » Le Roi, en ayant eu connaissance, y porta le remède par son arrêt du 29 octobre 1693, en ordonnant de faire faire à l'avenir cette distribution dans chaque paroisse par les curës et autres personnes charitables. Bientôt on substitua les secours en argent aux secours en nature pour répondre aux désirs manifestès par les pauvres.

Nous arrivons enfin au XVIIIe siècle. Nous avons vu quels étaient les moyens employés pour prévenir les famines et nous les avons vus, le plus souvent, couronnés de succès.

14. P. Clément, op. cit., 499, et Delamarre, op. cit., Il, 1040.

2. 10 Au Louvre, du côté de la rue des Poulies ; 20 Grande place des Thuilleries ; 3 Luxembourg, entrée de la cour des Ecuries ; 40 Luxembourg, du côté de la rue d’Enfer; 5o devant la Bastille, grande rue Saint-Antoine,

3, Delamarre, op. cit., IT, 1040-47-49.