Le progrès des arts dans la République : poème : précédé d'un discours sur le même sujet : suivi d'un autre poème intitulé Dieu et les Saints; de quelques vers sur les victoires de Buonaparté; des Doléances du Pape et de nouveaux Hymnes civiques

232 HYMNES

Toi, sage Beauharnais , dont les talens heureux Te rendoient si célèbre à ton septième lustre, Et toi, jeune Buffon, enfant d’un père illustre , Ai-je pu sans douleur vous voir périr tous deux ?

Tous deux vous ne viviez que pour la république , Pour elle vous brûliez de feux purs et constans; Et sur vos fronts ornés des graces du printemps, S’est changée en cyprès la couronne civique.

Et toi, que mon bonheur est de tonjours aimer , Femme tendre el sensible, ai-je pu sur ta tête Voir sans terreur la foudre à tomber toute prête ? Toi que même aujourd’hui mes vers n’osent nommer.

Ah ! malheur au mortel dont l'humeur irascible, Confondant le civisme avec la cruauté, Fait conduire à la mort les vertus, la beauté ! Est-on républicain si l’on n’est point sensible ?

Rempli de ces pensers , enfans religieux, D'une muse peu faite aux horreurs du carnage, Dans les forêts d’Avon (1 )comme en pélérinage , l’errois seul et tranquille en invoquant les dieux.

Abjurant des auteurs la règle surannée, Aux lieux , aux mêmes lieux où siégèrent les rois, Chantant la liberté, le triomphe des loïx, D'un cercle de vertus j’environnois l’année.

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(2) Petite commune voisine de Fontainebleau, où l’auteur fut exilé pendant le règne de la terreur,