Le Royaume de Monténégro : avec une carte

MŒURS ET COUTUMES : 27

respecter. La peine capitale par la pendaison est rare. Les Monténégrins la considèrent comme une punition qui déshonore nonseulement celui qui la subit, maïs encore toute sa famille.

Ces gens sont loin d’être des travailleurs : toutefois, on est surpris de voir avec quelle patience et quelle ingéniosité ils parviennent à se créer un lopin de terre parmi ces masses de pierre stériles ! Il est de fait que les Monténégrins seraient des travailleurs infatigables si les circonstances s’y prêtaient. Ils vont recueillir, dans de petits paniers, le peu de terre qui se trouve de-ci, de-là, parmi les rocs, et sont souvent obligés d’ailer la chercher très loin. Ils la répandent ensuite sur des terrasses pré-

parées auparavant.

L'époque du labourage se trouvant toujours pendant la saison sèche, les paysans sont obligés de pratiquer l'arrosage à la main. Pour se procurer de l’eau, ils ont souvent à faire de longs et multiples voyages à pied, car, sans cela, ils ne pourraient espérer la moindre récolte.

La religion orthodoxe ordonne aux fidèles de jeûner pendant quarante jours consécutifs; en réalité, la stérilité du pays force tout le monde à jeûner à peu près l’année entière. Les jours maigres, ils se nourrissent exclusivement de pain, d'oignons et de pommes de terre; il leur est même interdit de toucher quelque couteau ayant servi à couper du fromage ou de la viande.

Jadis, tout ennemi qu’on parvenait à saisir, avait la tête tranchée. Les Turcs avaient, au surplus, prêché d'exemple. À la bataille de Grahovo, en 1858, les Monténégrins firent prisonniers 4.000 Turcs qu'ils décapitèrent. Ces têtes sanglantes tapissèrent les murs de la fameuse tour « Tabja » à Cettigné.

La loi défend, à présent, d'employer ces procédés barbares et ces actes de sauvagerie appartiennent au passé. Toutefois, cette même loi tolère qu’on s'empare du nez de son ennemi et le Monténégrin a vite fait de s'approprier ce trophée d’un seul coup de couteau. Toutefois, la paix, qui règne dans le pays depuis nombre d'années, a rendu le coupage du nez plus rare.

Malgré cette pacification, on se bat toujours à la frontière d’Est; on s'y tue, on s’y blesse. Les Monténégrins disent que ce sont les Turcs qui ont commencé, et ces derniers prétendent, au