Le Royaume de Monténégro : avec une carte

CIVILISATION ST

et il y en à un dans chacun des cinq districts. A Daniloverad, est une maison de santé pour quinze fous dangereux; les déséquilibrés inoffensifs circulent librement. Les médecins, chirurgiens et aliénistes ont, en général, terminé leurs études soit à Vienne, soit à Saint-Pétersbourg.

L’insuffisance des moyens de communication rapides rend diffciles, on le comprendra sans peine, les relations entre lé médecin et ses clients. Aussi, lorsqu'un malade demeure à une grande distance (et c’est bien souvent le cas), on laisse simplement la nature agir et la maladie suivre son cours. Si la situation paraît s'aggraver et qu'une consultation soit jugée indispensable, on se décidera alors à transporter le malheureux chez le médecin, et les conditions dans lesquelles s'effectuent ces randonnées méritent d’être citées. Dévoré par une fièvre ardente, le patient est, le plus souvent, hissé sur le dos d'un âne qui aura fréquemment à parcourir 50 kilomètres et plus, avant d’arriver à la demeure de l'Esculape. On ne sera point étonné d'apprendre que ce dernier se trouve alors, maintes fois, en présence d'un cadavre.

Un des fléaux du Monténégro est la malaria, qu’on appelle aussi paludisme ou fièvre des marais. Cette maladie existe à l’état endémique dans la plus grande partie du pays, et sévit plus particulièrement pendant l'été; les fièvres qu’elle engendre minent peu à peu la constitution la plus robuste. La phtisie et lès maladies vénériennes font également, chaque année, un grand nombre de victimes. La présence de la syphilis dans un pays qui ne possède pas de prostituées, au sens propre du mot, est inexplicable. On suppose, toutefois, que le mal est venu jadis de la Turquie, et que la contamination s’est propagée par suite de l'ignorance où est le peuple de ses sinistres conséquences. Partout où se trouvent des syphilitiques, on a bien fait quelques efforts pour enrayer la contagion, mais les malades, trouvant que les prescriptions médicales qu’on leur impose sont trop compliquées, ne les observent pas, et le terrible fléau continue à étendre ses ravages. :

Chez les phtisiques, on constate la même négligence, et les logements monténégrins qui, le plus souvent, se composent d'une seule pièce malpropre, dans laquelle vivent pêle-mêle, dans un