Le Royaume de Monténégro : avec une carte

2 LE ROYAUME DE MONTÉNÉGRO

état de saleté repoussant, tous les membres de la famille, offrent à la terrible maladie un aliment facile. Un tuberculeux vient-il à décéder, les membres de son entourage se partagent ses vêtements et continuent à les porter sans penser un seul instant à les désinfecter, ni même, plus simplement, à les laver. D'ailleurs, les soins de propreté personnels les plus élémentaires sont totalement négligés, et le seul luxe que se permettent, sous ce rapport, les habitants de cet étrange pays, consiste à recueillir, de temps à autre, quelques gouttes d’eau dans le creux de leurs mains et à se les passer sur le visage.

Ne croyez pas, pourtant, que le Monténégrin ait mauvaise mine. Bien au contraire. Les vieillards de quatre-vingts ans et plus y sont nombreux, surtout parmi les hommes, lesquels y vivent, en général, plus vieux que les femmes.

On pourrait croire que, dans un pays où la civilisation est encore, en quelque sorte, à l’état embryonnaire, les conditions pécuniaires de la vie sont des plus modestes. Il n’en est rien, et les étrangers, comme, d’ailleurs, les Monténégrins civilisés, en font chaque jour l'expérience.

Les loyers sont élevés, surtout à Cettigné, où il est très difficile de trouver une habitation convenable. Une simple boutique se loue 1.000 couronnes par an. Une chambrette mal garnie vaut mensuellement 40 couronnes, et un inconfortable appartement de deux pièces 100 couronnes également par mois.

Pendant l'hiver, qui est très rigoureux, comme dans tous les pays de montagnes, la houille se vend 70 à 80 couronnes la tonne, et les bûches 20 couronnes le stère (environ 500 kilos).

Les rues de Cettigné sont éclairées à l'électricité, ainsi que certaines habitations particulières, auxquelles elle est fournie à raison de 5 couronnes par lampe et par mois.

Le seul hôtel de Cettigné, qui s'annonce effrontément « de premier ordre », est le Grand-Hôtel. On y est sensiblement moins bien traité, tout en y payant beaucoup plus cher, que dans un petit hôtel de commerce suisse. Il n’a pas même la lumière électrique. La salle à manger et les chambres à coucher ne laissent pas trop à désirer sous le rapport de la propreté, mais le fumoir, qui sert en même temps de salon de conversation, est un véri-