Le système continental et la Suisse 1803-1813

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et ne puissent venir que de France !.» Dans le même message, Napoléon laissait entrevoir qu’à la moindre défaillance le royaume d'Italie subirait le sort de la Hollande, annexée pour n’avoir pas pleinement satisfait aux exigences du système continental.

A ces admonestations succédait un redoublement de tracasseries. De nouveaux édits douaniers limitaient à deux bureaux italiens l’entrée de tous les tissus étrangers; ils soumettaient à un séquestre et à un contrôle sévère tous ceux qui avaient déjà pénétré dans le royaume. « Par là, insistait encore Napoléon, on portera un coup sensible aux manufactures suisses 2. À quel point la France, « encombrée d’étoffes de coton », selon l’expression de l'Empereur, était peu en état de suffire aux besoins üe l'Italie, on ne tarda pas à s’en apercevoir. Quelques semaines après la promulgation de ces décrets, les manufactures de Milan, privées des toiles et des filés suisses, chômaient faute de matières premières. Une dernière fois, le vice-roi plaida à Paris les intérêts de ses sujets. Tous ses efforts se heurtèrent à une résistance obstinée et reçurent la même réponse: « Les manufactures italiennes doivent s’adresser à la France. » Un mois plus tard, l'Empereur était forcé de reconnaître lui-même combien l'exclusion de la Suisse était malheureuse ; en conséquence, il donnait aux industriels de Paris l’ordre d’expédier en Italie les toiles de coton nécessaires. Dans le fond, peu lui importait l’activité ou l’inaction des manufactures italiennes ; la grande affaire était « qu’elles ne fussent pas forcées de recourir à la Suisse#. » Sur ce point-là, il revenait avec insistance comme s’il craignait de n’avoir pas encore assez averti et menacé #. En même temps, on prenait toutes les mesures nécessaires pour empêcher le transit à destination de Naples 5.

1 Corresp. Napoléon à Eugène Beauharnais, 26 août 1810.

2? Corresp. Napoléon à Eugène Beauharnais, 27 septembre 1810.

3 Corresp. Napoléon à Montalivet, 15 décembre 1810.

# Corresp. Napoléon à Eugène Beauharnais 18 décembre 1810. > Oechsli, p. 547.