Le système continental et la Suisse 1803-1813

Nouvelles difficultés faites au commerce des soies et des cotons.

476 La prohibition des marchandises suisses dans le canton du Tessin, couronnait la campagne. Avec la fin de l’année 1810, toute issue vers le Sud était irrémédiablement fermée aux cantons auxquels il ne restait plus que les assurances bienveillantes mais inutiles du prince Eugène.

Mais Napoléon ne s’en tint pas là. Il s’en prit alors aux matières premières de l’industrie de la soie, achevant l’œuvre commencée en 1805 au Piémont !. Il réalisait en même temps son intention à maintes reprises formulée de faire de Lyon l'unique marché des soies brutes.

Le décret rendu à cet effet et promulgué en même temps que celui de Trianon, prohibait la sortie des soies du royaume d'Italie à toute autre destination que la France?; il mettait les producteurs italiens à la merci des fabricants de Lyon, maîtres désormais de fixer comme ils l’entendraient le prix des soies. Pour les premiers, c’était de l'opinion du vice-roi, la ruine certaine, la France devait en pâtir dans la même mesure que les autres pays. Peu après, l'Empereur lui-même le comprit si bien qu’il substitua à sa première décision une nouvelle disposition ; elle consistait en un système de tarifs ingénieusement répartis qui forçaient le mouvement des soies italiennes sur Lyon et assuraient aux fabricants de cette ville le premier choix des matières 3.

1 Voir $ 5.

? « Les soies du royaume d'Italie vont toutes en Angleterre puisqu'on ne fabrique pas les soïes en Allemagne. Il est donc tout simple que je veuille les détourner de cette route au profit des manufactures de France. »

Corresp. Napoléon à Eugène Beauharnais, 6 et 23 août 1810.

Napoléon exposait lui-même son calcul de la manière suivante : « Vous aurez reçu le décret qui impose un droit de trente sous sur les soies à la sortie du royaume d'Italie. Mais da côté de la France, elles peuvent sortir et venir jusqu'à Lyon sans rien payer. J’ai autorisé la sortie par les douanes de France des soies de France, qui sont d’une qualité supérieure, moyennant un droit de 30 sous et de celles d'Italie moyennant un droit de 20 sous. Ainsi les soies d'Italie peuvent venir jusqu’à Lyon sans rien payer. Elles peuvent de Lyon gagner le Rhin et en passant ce fleuve elles ne paient que 20 sous. Les soies du royaume d'Italie importées par Bozen et les frontières d'Autriche payaient 30 sous, et le détour par Lyon ne coûtant pas plus de