Le système continental et la Suisse 1803-1813
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le caractère passager des mesures nécessitées par cette « guerre de l’indépendance commerciale, » puis il trahira le fond de sa pensée; la France, l’Italie et leurs dépendances seront fermées au reste de l’Europe par une puissante organisation protectionniste qui au bénéfice de l’Empire, exclura graduellement les peuples occidentaux de tous les marchés du continent!.
Cest alors, que suffisamment puissant pour mavoir plus à garder aucun ménagement, l'Empereur affirmera ouvertement son droit du plus fort. « Mon principe est: la France avant tout, s’écrie-t-il. Vous ne devez jamais perdre de vue que si le commerce anglais triomphe sur mer, c’est parce que les Anglais sont les plus forts. Il est donc convenable que, puisque la France est la plus forte sur terre, qu’elle y fasse aussi triompher son commerce, sans quoi tout est perdu 2. »
Aïnsi le système continental, contrat passé entre Napoléon et les peuples européens, ne sera plus qu’un marché de düupes pour ces derniers. « Machine à double détente, cette mesure, doit, d’un côté ruiner l'Angleterre, de l’autre protéger les manufactures françaises renaissantes. Elle écartera à l’intérieur les concurrents établis en France à la faveur de l’ancien régime. Elle ouvrira tous les débouchés à l’industrie française qui, suivant les chemins que d’autres auront frayés avec la France, s’établira sur les marchés que l’expulsion de l’Angleterre aura laissés vides. Le système continental consacrera la suprématie de la France, sera le point de départ de sa rénovation économique, dernier mot de la Révolution conquérante et du système protecteur. Le coup porté, les effets en dériveront, c’est-à-dire l’industrie française développée et le marché de lPEurope assuré, par contrainte d’abord, puis par habitude, aux produits français 3 ».
1 Lire l’exposé très clair de la marche suivie par la politique impériale dans Oechsli, p. 545.
? Corresp. Napoléon à Eug. Beauharnais, 23 avril 1810.
3 Sorel, VII, 114.