Le système continental et la Suisse 1803-1813

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et l'Angleterre, s’écrie-t-il encore dans un discours au Tribunat, c’est la fourniture du continent. Si cette fourniture échappe à l'Angleterre, c’en est fait de sa puissance dans les Indes. Dans cet état de choses, il n’y a ni principe, ni règle. Le continent n’a que cette alternative, ou de subir le joug de l’industrie mercantile de l'Angleterre, ou de s’imposer toutes les privations pour réduire cette puissance à une paix fondée sur les bases de la réciprocité. »

Tous les Etats européens sont également intéressés à la lutte contre l'Angleterre, tous ont contre elle des griefs divers ; ils protestent surtout contre la violation du droit des neutres et l’abus du droit de visite que, forte de sa supériorité sur mer, la Grande-Bretagne exerce sans aucun ménagement. Puis, ils ont à souffrir de l’essor de l’industrie britannique qui condamne les industries continentales à une existence précaire et qui envahit successivement grâce à ses procédés de fabrication, tous les débouchés européens.

Cette lutte commune à laquelle Napoléon convie l’Europe au nom de la liberté du commerce suppose des sacrifices, des privations dont chacun prendra sa part; mais elle promet en compensation des bénéfices auxquels tous ont droit. Elle laisse aussi entrevoir d’autres avantages, que les alliés pourraient réaliser par un rapprochement de leurs intérêts commerciaux. Tous peuvent escompter leur part de cette « fourniture du continent » monopolisée par l’Angleterre; tous regardent, en cette attente, à Bonaparte le libérateur d’un joug écrasant. De là, la grandeur indéniable et la popularité évidente de l’idée du blocus continental à son origine.

Au nom de l'intérêt général, Bonaparte englobera, bon gré mal gré, toutes les nations européennes dans son système économique. Mais dès le début, apparaît aussi la grande contradiction de sa politique, car dans la pensée de l’empereur, le bénéfice de l’effort colossal dirigé contre l'Angleterre, doit exclusivement revenir à la France. Il dissimulera d’abord ses intentions par des phrases et des promesses ; il affirmera