Le système continental et la Suisse 1803-1813

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anglaises, échappé aux douaniers français, venait de pénétrer dans la place ; aussitôt, par ordre supérieur, toutes les affaires furent suspendues ; les autorités procédèrent à des perquisitions et à des confiscations qui se terminèrent par un immense autodafé ; dans l’affolement qui suivit, on vendit à tout prix, et les toutes premières, les jeunes maisons suisses furent entraînées dans la panique.

Pour comble d’infortune, la Bavière éprouvait au début de 1811 le besoin de protéger son industrie et substituait à ses tarifs de 1807, inoffensifs pour les produits manufacturés, une nouvelle ordonnance qui imposait lourdement les tissus de soie et de coton et les étoffes mêlées. Toutes les protestations de Bâle et de Saint-Gall n’eurent aucun résultat ?.

Dans ces conditions, l’année 1812 ne pouvait être qu'une lente agonie. L’émotion générale provoquée par la campagne imminente de Russie, le passage continuel des troupes en marche vers l'Est, avait achevé de paralyser à Leipzig tout mouvement commercial. Avec l'énergie du désespoir, quelques maisons suisses luttaient encore; la plupart abandonnaïent la partie et renonçant à courir les risques des frais et des dangers du voyage, fermaient leurs boutiques sur le champ de foires.

Dans les cantons, les faillites succédaient aux faillites. Un instant, les victoires françaises en reculant la ligne des douanes russes semblèrent améliorer la situation, mais la

4 Les industriels suisses avaient, dans les dernières années, poussé jusqu’à la perfection l’imitation des étoffes anglaises. Dans la hâte qui présida aux confiscations, ils eurent sans aucun doute à pâtir de la ressemblance qu’offraient leurs produits avec les tissus prohibés. L’autodafé de Leipzig détruisit pour 40 000 gulden de marchandises.

Allg. Ztq., 25 juillet 1811.

? Le nouveau tarif bavaroïis consistait en un impôt de consommation de 36 gulden par quintal de tissus de coton (le quintal bavarois a 150 livres), de 24 gulden pour les toiles de lin et de 20 % de la valeur pour les soieries.

Arch. Bâle, Kop. des Handelskom., C3, 21 février 1812 ; — Wartmann, p. 295, L.

3 Gem. Schw. Nachr., 23 mars 1812.