Le système continental et la Suisse 1803-1813

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possédaient environ la moitié des métiers à filer existant en Suisse. Elles occupaient au bas mot 3000 personnes, sans compter les ouvriers employés à la fabrication et à la réparation des machines !. Jusqu'à quel point ont-elles survécu dans leur forme primitive aux circonstances éphémères qui les virent naître, il serait difficile de le dire. La suppression du système continental leur fut très sensible; mais à partir de 1820, elles retrouvèrent leur prospérité et travaillèrent plus que jamais ?.

A côté de la production un peu fiévreuse des filatures zuricoises, les maisons saint-galloises suivaient une marche plus régulière. En tête se trouvait naturellement la filature par actions de la capitale. Heureusement sortie de sa crise, elle se ressentait toujours un peu des conditions défavorables dans lesquelles elle avait été fondée et de sa première installation dispendieuse. Elle se vit de bonne heure, en 1805, adjoindre une compagne à Rapperswyl ; ce fut l'établissement de Christian Næf, qui, d’abord modeste, devint plus tard entre les mains de Jacob Brändlin une affaire puissante 3. D’autres établissements apparaissaient sur plusieurs points du canton ; enfin, en 1811, la ville de Saint-Gall s’enrichissait

1 La répartition approximative des maisons zuricoises était la suivante : trois se trouvaient dans la capitale, une vingtaine étaient échelonnées sur les deux rives du lac, Winterthour et les autres districts possédaient le reste.

Helv. Alm., 1814, p. 220 et 221,

? D’après une statistique de Meyer de Knonau, le canton de Zurich comptait en 1830 800 métiers à filer à 250 fuseaux Chacun, qui occupaient 5000 ouvriers. La production annuelle s’élevait à 300 000 livres de filés ; la consommation de coton brut était de 14500 quintaux. La seule localité de Wetzikon possédait, d’après Oechsli, 10 filatures fondées dans les années 1820 à 1827.

3 Christian Næf se trouvait au nombre des premiers suisses qui s’intéressèrent à la filature mécanique. Commerçant aisé, établi d’abord à Wattwyl dans le Toggenbourg, il acquit en 1801 la bourgeoisie de Saint-Gall. L’année précédente, il avait souscrit pour l’achat d’un métier à filer. Sa fondation de Rapperswyl passa à son gendre Jacob Brändlin et aux frères, de celui-ci, qui donnèrent leur nom à la maison.

Wartmann, p. 309; — Bürkli, Mech. Baumwollspinnereï, p. 23 ; Hungerbühler, p. 68-69.