Le système continental et la Suisse 1803-1813

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du dix-huitième siècle la vallée de l’Aar, de Berne jusqu’en Argovie, pour gagner tour à tour Zurich, Saint-Gall et en dernier lieu, Glaris. Elle prit rapidement une intensité extraordinaire; à la fin du siècle elle occupait le premier rang en Europe relativement à l’exiguïté de son territoire, et même au point de vue absolu, elle détenait sur le continent une des premières places.

Les manufactures de la Suisse occidentale faisaient venir indifféremment de tous les cantons industriels les toiles blanches qui leur servaient de matière première. Les districts argoviens approvisionnaient plus spécialement de leurs gros tissus les maisons de Berne et de l’Argovie bernoise, dont les indiennes ordinaires étaient utilisées sur tout le continent et notamment en France pour l’habillement du peuple.

La fabrication des indiennes de qualité supérieure avait tout naturellement son siège en Suisse orientale ; les manufactures de Zurich disposaient des toiles fines de leur canton!, celles de Saint-Gall des produits du Toggenbourg. Grâce à leurs tissus légers, ces deux régions industrielles avaient pu créer la spécialité des mousselines imprimées (mi-doubles ou jaconas), abondamment répandues sur le continent comme vêtements d'été.

Zurich développait enfin une dernière spécialité d’indiennes, celle des fichus qui, sous le nom de « mouchoirs genre zuricois » et « fazzoletti d’Esslinger » prenaient le chemin de la France et de l’Italie?. Les fabricants glaronnais avaient également, à côté de leurs indiennes ordinaires, adopté cet article qui trouvait un excellent débouché au delà des Alpes et dont se coiffaient les femmes du peuple en Lombardie.

L'industrie des toiles peintes avait atteint son apogée dans les années 1780 à 1795. Cette courte période vit naître des

! L’Argovie fournissait aussi à Zurich une certaine quantité de toiles ordinaires,

Helv. Alm., 1803, p. 74. 2? Zürcher Taschenbuch, 1881, p- 205.

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