Le système continental et la Suisse 1803-1813

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forte chez Hoffmeister que pour y satisfaire, on devait travailler bien avant dans la nuit. Quatre ou cinq autres maisons d'importance secondaire travaillaient à côté de ces deux établissements de première grandeur. Les toiles fines et les mousselines imprimées à Zurich avaient acquis, en France et surtout en Allemagne, une renommée justifiée.

L’Helvétique vint démontrer quelles néfastes conséquences avait eu pour le canton le monopole économique que s’était arrogé la ville sous l’ancien régime. La proclamation de la liberté industrielle et commerciale eut d’excellents résultats dont bénéficièrent aussi les manufactures de toiles peintes ; à la Médiation leur situation était en somme satisfaisante. Les difficultés recommencèrent lorsque les corporations eurent reparu avec le nouveau régime aristocratique et réactionnaire de 1803 et qu’au même moment se manifestèrent les effets de la politique impériale. A la vérité, les attaques des corporations étaient moins redoutables qu’autrefois ; elles avaient peu de prise sur une industrie renforcée par quelques années de liberté, mais les teinturiers n’en renouvelèrent pas moins fréquemment leurs désagréables contestations.

Quant au système continental qui enlevait aux mouchoirs de Zurich un de leurs principaux débouchés, celui de la France, il frappait d’une façon générale toutes les indiennes fines que produisaient en grand nombre les manufactures d’'Esslinger et de Hoffmeister. Ces deux maisons éprouvèrent de ce fait des pertes sensibles. Alors qu’en 1791, leur mouvement d’afffaires représentait encore pour chacune une somme de 750 000 francs, elles n’atteignirent plus jamais ce chiffre, même dans les bonnes années !.

Néanmoins, le témoignage de Bürkli permet d’affirmer qu’elles traversèrent toutes deux dans des conditions passables la première décade du siècle. Esslinger dut sa situation prospère à la grande activité qu'il sut déployer sur les mar-

1 Zürcher Taschenbuch, 1881, p. 256 ; — Jenny, p. 127. P ; NEA: