Le système continental et la Suisse 1803-1813

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pour les besoins des maisons bâloises !, mais leur principal marché se trouvait à Francfort où s’approvisionnaient les fabriques allemandes de soieries de Barmen et d’Elberfeld, devenues les meilleures clientes de Zurich pour la trame et lorgansin.

Ce genre de commerce continua pendant toute la période napoléonienne avec une grande intensité et fut entretenu par la reprise active du travail dans les manufactures rhénanes. Il n’avait jusqu’alors joué qu’un rôle secondaire en accompagnant d’autres spécialités, la fabrication du crêpe par exemple ou celle des mouchoirs; maintenant, il se constituait en branche indépendante et ce fait caractérise son développement pendant la première décade du dix-neuvième siècle.

A la vérité, le commerce de trame subit aussi de 1810 à 1813 le contre-coup de la crise : les prix baissèrent sensiblement ; mais grâce à l’énergie des marchands zuricois, le trafic ne fut

jamais interrompu en Allemagne, même dans les années de

guerre. À ce moment, Daniel Bodmer, membre du Directoire commercial, fit de brillantes affaires et acquit une véritable célébrité dans son canton ?.

Le tableau suivant permet d’observer les fluctuations suivies par les prix de la trame et de l’organsin de 1801 à 1815 *.

1 Le trafic direct de trame entre Bâle et Zurich ne commença guère que vers 1830.

2 On disait de Bodmer qu'il avait visité cent fois la foire de Francfort. En 1804, il payait à l'Etat pour ses manufactures une somme de 640 francs. En 1816, il occupait dans le registre des impôts la première place avec une taxe de 900 francs (1300 fr. de valeur actuelle).

Bürkli, Seidenindustrie, p. 191.

8 Les prix sont donnés en gulden de Zurich (le gulden à 2 fr. 29 de valeur actuelle) pour 470 grammes de trame et d’organsin. Les variations coïncident avec celles que subissait à la même époque le marché de Milan.

Bürkli, Seidenindustrie, p. 242.