Le système continental et la Suisse 1803-1813

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toire zuricois, dans la vallée de la Glatt, elle ne livrait que des filés de soie, mais elle voisinait avec le travail de la filoselle dans toute la région avoisinante du haut lac (Utznach, Gaster, Marche schwyzoise) où, comme dans certains districts de Zoug, Schwyz et Unterwald, elle occupait un grand nombre de personnes !. Les petits cantons qui entraient surtout en ligne de compte comme fournisseurs des fabriques bâloises, devaient tout naturellement recevoir le contre-ceup de la crise qui frappait ces maisons. Il en résulta un chômage et une gêne qui se fit sentir sérieusement dans les dernières années de la période et que nous avons constatés plus haut, à propos de la filature du coton. A Zurich par contre, la filature de la soie ne chôma guère, grâce à la persistance du travail dans les manufactures de tissus. Elle trouvait encore un élément d’activité dans la marche régulière du commerce en trame et organsin que la plupart des maisons du cheflieu menaient de front avec la fabrication des soieries et qui avait atteint son apogée à la fin du dix-huitième siècle ?.

Les industries zuricoises tiraient d’Italie lorgansin qu’on y travaillait en quantités considérables ; quant à la trame, elle se préparait sur place et sa fabrication avait pris une grande extension. Les deux articles s’écoulaient à Zurzach

1 Dans son message à Talleyrand du 27 avril 1812, le landamman Bourcart parle des avantages à accorder à l'introduction en Suisse «de cette bourre grossière de soie que l’on n’emploie pas en France et qui, sans cela, serait perdue pour le commerce. » Faudrait-il conclure de ces paroles que les petits cantons fussent en Europe la seule région où on travaillât les déchets de la soie ou « schappe ? » — La filature était particulièrement active dans la petite république de Gersau et dans la contrée d’Engelberg. Elle avait été introduite dans cette dernière localité au dix-huitième siècle par Vabbé Léodegar qui installa des ateliers et des machines dans le couvent. Helv. Alm., 1885, p. 75 ; 1807, p. 58.

? La fabrication de la trame occupait déjà au dix-septième siècle plus de vingt maisons. La fabrique Escher au Sihlhof, par exemple, employait journellement vingt ballots de soie brute pour la trame et occupait six cents ouvriers au tordage des filés de crêpe.

Bürkli, Seidenindustrie, p. 108, 162.

Le commerce

de trame, d'or-

gansin et soie brute.

de