Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Allemagne et la Russie, encore actives en 1803 sur le marché de Leipzig, avaient pris fin ; le débouché de l'Espagne était irrémédiablement compromis ; en Italie les affaires languissaient !.

Les horlogers genevois n’attribuaient pas leurs pertes seulement aux conséquences générales de la situation politique en Europe, mais aussi à la contrebande qui introduisait dans l'Empire en fortes quantités les articles d’horlogerie anglaise, et à la concurrence neuchâteloise contre laquelle ils demandaient une protection énergique.

Limités toujours davantage au seul marché français, les Genevois cherchèrent toujours davantage à se conformer au goût plus raffiné de Paris et à perfectionner leur production. Ils réalisèrent pendant cette époque de grands progrès sous le rapport de l’élégance et de la variété des formes. C’est ainsi que se généralisa l’usage des petites montres de dames qu’on avait commencé à fabriquer vers 1795 ; cet article de luxe qui se vendait uniquement à Genève devint à parür de 1806 une ressource très avantageuse ?.

Malgré ces efforts, la situation semblait désespérée en 1810 et 1811. De 5000 horlogers et bijoutiers, un tiers à peine trouvait encore du travail, grâce à la bonne volonté de quelques chefs d’ateliers qui continuaient à produire sans espoir de bénéfice ; d’autres, un millier environ, avaient émigré; d’autres enfin avaient abandonné leur métier et cherchaient de nouveaux moyens d’existence. Le rapport officiel qui nous donne ces détails se termine tristement sur ces mots : « Le reste est sans courage. » En dix ans, l’horlogerie genevoise était réduite des neuf dixièmes 3.

4 Arch. Genève, PH, CCCXI, A, 36, 2, 1811 ; — A//g. Ztg., 13 février 1803, Neujahrsmesse.

? La moitié des montres fabriquées à Genève à la fin de la Médiation étaient des montres de dames.

Eirennes de Genève, 1817, p. 137, 139 ; — Wartmann-Seippel, p. 89.

8 Le gain journalier moyen d’un horloger genevois dans les années 1780