Le système continental et la Suisse 1803-1813

Seuls quelques cantons frontière avaient pris contre la contrebande des dispositions qui furent appliquées d’abord aux produits anglais, puis, après les décrets de février, étendues docilement aux articles suisses prohibés en France.

En 1803 déjà, le Petit Conseil bâlois avait interdit tout dépôt de produits manufacturés anglais sous peine de punitions sévères. Ces mesures restèrent sans effet. On les renouvela au début de 1806 à la suite d’incidents désagréables à la frontière badoiïse et pour dissiper les soupçons du gouvernement français. Cette fois, on portait à 100 louis d’or le minimum de l’amende infligée aux délinquants.

Dès la première heure, Berne s'était fait remarquer par sa prudence extraordinaire. Ses autorités avaient suivi d’un œil méfiant l’activité des spéculateurs bâlois. En avril 1804, sur la demande du gouvernement français, elles ordonnèrent une

enquête détaillée pour rechercher les conditions de la contre-

bande sur les bords du lac de Bienne. Tout ce qui de près ou de loin ressemblait à des produits anglais était confisqué ; plusieurs dépôts étaient supprimés?. Dans la suite, le gouvernement bernois, informé de la création projetée d’un dépôt à Morat, en avisait son voisin de Fribourg 5 et, pour plus de sûreté, renforçait ses mesures sur la Thièle. Le canton de Vaud, lui aussi, n’avait perdu aucune occasion de manifester un zèle toujours en éveil #. Enfin, en mars 1806, à la veille de l’annexion de Neuchâtel et dans l'intention expresse d'éviter

Winterthour, et qui aurait probablement conduit au but visé bien mieux que ce qu’on a essayé. »

1! Décrets du 7 juin et 20 octobre 1803 renouvelés le 25 janvier et le 19 mars 1806. Arch. Bâle, Prot. des Staatraths, 26 janvier 1806.

? Décret du 11 avril 1804. Arch. Berne, Man. des Kommerz., 11 mars 1804.

3 En 1806, il se trouvait en effet des marchandises anglaises à Morat chez un nommé Triolet.

Arch. Fribourg, décrets du P. C. 9 mai 1806. Tillier I, p- 243.

# Son règlement du 27 avril 1804 contenait des dispositions sévères contre les marchandises réputées anglaises et décrétait un contrôle minutieux des dépôts et magasins.

Allg. Ztg. 15 mai 1804.