Le système continental et la Suisse 1803-1813

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contagion gagnait bientôt les autres villes suisses restées jusqu’alors sur la réserve. Les commerçants d’Aarau, de Zurich, Winterthour, Saint-Gall et Thurgovie suivirent l’exemple donné et dépassèrent même les Bâlois en coupable légèreté?.

Les grenadiers du général Oudinot avaient, le 9 mars, foulé le sol neuchâtelois et les envois de Suisse continuaient. L’inévitable se produisit; dix jours après, les fraudeurs étaient surpris. L’empereur, fort bien renseigné, avait muni Pautorité militaire d'instructions précises ?.

Le 20 mars, une proclamation sommait tous les habitants des comtés de Neuchâtel et de Valangin d’avoir à remettre, aux autorités, une déclaration des marchandises et denrées anglaises qui se trouvaient entre leurs mains. L'ordre était donné de distinguer entre la propriété neuchâteloise et les produits gardés en commission et d’indiquer les maisons étrangères pour le compte desquelles les denrées avaient été expédiées. Toute inexactitude ou dissimulation devait être sévèrement punie. À la suite d’une enquête sévère un certain nombre de ballots, inscrits au nom des maisons suisses, furent mis immédiatement sous scellés dans un magasin spécial, tandis que les Neuchâtelois voyaient imposer sur leurs biens le séquestre à demeure #.

Leur position était des moins enviables. On n’avait jugé à propos de les consulter en aucune façon au sujet de l’an-

1 Le Conseil d'Etat de Neuchâtel avait eu un moment la pensée d’intervenir, mais il y avait renoncé pour ne pas porter atteinte à la liberté du commerce.

Tribolet, p. 7.

? D’après le récit de J. Georges Muller à son frère l'historien Jean de Muller, les commerçants Zellweger des Rhodes-Extérieures d’Appenzell, auraient aussi été compromis à Neuchâtel.

Lettre du 10 mai; Haug, p. 397.

3 « Vous vous rendrez à Neuchâtel et vous prendrez possession en mon nom de cette principauté... Vous ferez confisquer les marchandises anglaises qui se trouvent dans le pays. Il y a plusieurs négociants qui en ont fait venir une grande quantité de Bâle... »

Corresp. Napoléon à Oudinot, 9 mars 1806.

4 Tillier, p. 234 ss.