Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

318 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

« Plus loin et dans un coin, l’on entendait un charmant dialogue entre Andrieux et Collin d’'Harleville qui le consultait sur un nouvel ouvrage.

« De ce côté, Legouvé peignait par le seul vers suivant, l’avantage de posséder l'amitié d’une femme :

On a moins qu’une amante : on a plus qu’un ami.

« Tout près de lui, Demoustier, qui consacra la majeure partie de ses travaux aux femmes, interpellé par M Lange et Mézeray de définir la fidélité, leur adressa cette ingénieuse plaisanterie :

Elle dure si peu, qu’on n’a pas le temps même De la nommer fidélité : Si bien que c’est, en vérité, Un enfant qui meurt sans baptême.

« Thalie-Contat faisait de jolis vers avec facilité ; mais sans aucune prétention. Un jour que le vieux Ximénès s’égayait sur les femmes de quarante-cinq ans, qui prétendaient mériter encore des hommages, et qu'il mêlait un certain cynisme à ses mordantes plaisanteries, Contat le réduisit au silence, par ce quatrain à la fois ingénieux et piquant :

Vos traits sont émoussés, soyez-en Convaincu; Ils ne peuvent blesser, ni laisser nulle trace.

Un vieux plaisant est comme un vieil éeu : À force de servir son empreinte s’efface.

« J'aurais encore à faire de nombreuses citations qui prouveraient à quel point ces réunions devenaient attrayantes, profitables ; mais je dois terminer la course où je me suis laissé entraîner malgré moi. La plume résiste si difficilement à retracer nos plus aimables souvenirs !

« Ce qui, surtout, donnait un si grand charme à ce brillant congrès de beaux esprits, d'artistes renom-