Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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RUE

TETE

404 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

La justice pour tous, le pouvoir aux meilleurs, les honneurs aux plus dignes, la guerre à tous les abus, la place à tous les droits, l'appel à tous les devoirs! O lune de miel de la liberté, où es-tu? Un si beau rêve finir dans l’horrible! En être venus là : à ces mœurs de cannibales, à ces abattoirs de chair humaine! Quel écœurement !…

— Après de nouveaux récits sur les difficultés sans nombre suscitées par la Terreur, le soldat républicain ajoute, étonné :

MARTIAL

Et tout Paris subit, accepte ces horreurs ?

LABUSSIÈRE

Ah! pauvre peuple ignorant et crédule, mais si dévoué à la République et si vaillant à la défendre! peuple héroïque qui accepte toutes les misères, s’impose tous les sacrifices pour le salut de la patrie menacée sur toutes ses frontières! Il en est bien las! On lui disait des condamnés du premier Jour : « des « conspirateurs, destraîtres qui pactisent avec l’é« tranger pour t’affamer et te remettre en servitude. « Supprime-les! l’abondancerenaîtra, et ce sera l’âge « d’or. »Il l’a cru. Et, pendant des mois et des mois, il a vu passer par charretées : royalistes, feuillants, girondins, hébertistes, dantonistes, tous les partis, tous les âges, tous les rangs, tous Les métiers, jetés pêle-mêle au même tombereau.

Mais plus la moisson des têtes est copieuse, plus sa misère est srande, et moins apparaît l’âge d’or. Il s'étonne, il s’irrite..… Et puis les premiers condamnés passaient hautains et résignés, leur silence même les supposait coupables. Mais voici qu’à la fin les victimes semblent se lasser! Elles se débattent,