Les états généraux en France

870 LES ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE.

Cette période est cependant celle qu’en remontant, si l’on veut, jusqu'à Philippe le Bel, c'est-à-dire cinquante ans lus haut, on peut appeler celle des États Généraux du royaume. Or, pour être appelé à donner des lois à son pays, peut-être serait-il opportun d’en connaître un peu l’histoire. Peut-être les Français de nos jours, surtout ceux qui aspirent au rôle de législateurs, se trouveraieniils bien d’avoir lu autre chose que la Déclaration des droits de l’homme et les journaux contemporains. Par l'étude des temps antérieurs à 1789, on pourrait se convaincre, non pas que les principes de 1789, devant lesquels nous nous inclinons, sont mauvais, mais qu’ils ne sont pas tous de date aussi récente que l’on croit. Leur tort, s'ils en ont quelqu'un, n’est pas d’être ce qu'ils sont. Leur tort, depuis qu'on les a mis en catéchisme, est d’être tantôt compromis par des violents, tantôt invoqués par ‘des sots, qui, avant de faire tant de bruit pour proclamer que ces principes sont immortels, devraient au moins se meltre en peine de savoir quel âge ils ont.

Il

INSUFFISANCE DES ÉTATS GÉNÉRAUX.

Les auteurs ne sont pas d'accord sur le nombre des sessions tenues en France par les États Généraux. Cette divergence d'opinions résulte surtout de ce que, du temps où le royaume était fractionné en pays d'États et en pays d'élections, en langue d'Oilet en langue d'Oc, il y a telle assemblée à laquelle les uns accordent et les autres refusent le titre d'États Généraux. On peut cependant compter que, du roi Jean à Louis XIII, ceux-ci siégèrent de vingt-cinq à trente fois, ce qui fait une moyenne de dix sessions par siècle environ.

C'est trop peu, surtout si l'on considère que les États s’assemblèrent jusqu'à neuf fois sous le roi Jean, et un nombre au moins égal de fois sous Charles VIT : d’où il résulte que, plus tard, les sessions sont rares, si rares qu’à certaines époques, on peut, dès avant Louis XIII, se demander si l’usage de convoquer les députés de la nation n’est pas tombé en désuétude. C’est ainsi que, de Louis XII à Henri Il, François I” régnant avec un faste que ses sujets lui pardonnent et que personne ne songe à contrôler, plus de cinquante années s’écoulent sans que les États soient une seule fois assemblés.

N'est-ce pas merveille que, dans de telles conditions, l’histoire ait à enregistrer certains résultats obtenus par les députés de la nation, et à porter à leur compte autre chose qu’un perpétuel avortement?