Les états généraux en France

884 LES ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE.

époque fatigue les députés à tel point qu’il en résulte, de leur part, une véritable abdication, et chez la nation une lassitude telle que Louis XI trouve la place toute faite pour l'établissement de son pouvoir absolu. Ce n’est pas sous ce dernier roi, nous l’avons dit et nous n’avons pas à y revenir, qu'il y a lieu de tenir compte de ce que firent les États.

Nous voici arrivés aux deux grandes sessions de Tours et d'Orléans. Elles se ressemblent, en ce qu’on peut dire de l’une comme de l’autre qu’elles n’eurent, ni l’une ni l'autre, de résultats immédiats de grande signification et portée. Toutes deux, cependant, exercèrent une influence considérable sur l’avenir.

Sous Charles VIIT, les députés, réunis à Tours, posent des principes d’où découle la théorie de la monarchie tempérée. Ils font preuve d’intelligence, et même d’une certaine vigueur, en ce qui regarde non-seulement la justice, mais l’armée, les finances, le commerce; ils émettent des vœux où la hardiesse le dispute à la sagacité. L’idée d'assurer lindépendance du magistrat par l’inamovibilité, et aussi par le choix que le roi doit faire sur une liste de candidats présentés, c’est-à-dire par l'élection, remonte aux États de Tours : les cahiers du temps en font foi. De là datent aussi d'importantes réformes financières. Louis XI, en flattant le peuple, était parvenu à quadrupler la taille accordée à son père. C’est aux États de Tours que l’on doit une forte diminution de l'impôt direct, qui, de 4,500,000 livres, fut abaissé à 1,500,000 livres, c’est-à-dire réduit des deux tiers. M. Picot fait remarquer que cette réduction qui, sauf variations légères, se prolongea sous les deux règnes de Charles VII et de Louis XI, fut un des plus beaux triomphes, un des résultats les plus directs des États Généraux durant toute leur histoire. Mais, après avoir indiqué d’utiles réformes, les députés assemblés à Tours commettent l’irréparable faute de voter l'impôt, sous condition qu'il sera ultérieurement fait droit à leurs doléances. C’6tait tout simplement abdiquer, et c’est par là qu’on peut dire de l'édifice, d’ailleurs considérable, entrepris à Tours, qu'il a péché par la base plus encore que par le couronnement.

Les États d'Orléans qui, Charles IX étant sur le trône, et Catherine de Médicis régnant en fait, succèdent à ceux de Tours, ont une destinée à peu près pareille. Par où ils différent, le voici. Sous le rapport politique proprement dit, c’est-à-dire au point de vue de l’action à exercer sur le gouvernement, les États d'Orléans restent au-dessous des États de Tours : il semble que le souffle leur manque. Mais, à Orléans, les députés ont le sentiment profond des réformes administratives et judiciaires à opérer ; et, de leur temps, on s’aperçoit que le niveau intellectuel de la nation a monté. Aussi les États