Les aspirations nationales de la Serbie

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que le peuple italien, tel que je le connais, comprend difficilement la politique du baron Sonnino qui le conduit à un antagonisme irréductible avec notre peuple, sans autre profit qu'une popularité factice, d’autant plus qu'abandonnant la politique de toute sa vie, il irait ainsi contre ses propres déclarations antérieures.

Ceci m’amène au rôle que le Gouvernement italien a assumé dans la question monténégrine, rôle absolument contraire aux traditions italiennes. Les hommes d'Etat italiens ont-ils oublié les départs du roi de Naples et du grand-duc de Toscane? Comment concilient-ils leur politique actuelle au Monténégro avec les principes qui ont présidé à l’unité italienne? Est-il possible qu’ils ignorent que les Monténégrins sont aussi bien Serbes que les Toscans étaient Italiens et qu’ils contestent aux premiers le droit que tout homme de bonne foi reconnaît aux seconds? Serbes comme ceux de Serbie ou de Bosnie, les Monténégrins ont proclamé leur union indissoluble avec leurs frères de Serbie et de tous les pays yougoslaves. Est-il pour un seul moment concevable que le gouvernement de Rome, issu lui-même du plébiscite, sy oppose au nom du peuple italien? C’est à peine croyable. Et pourtant, c'est vrai.

Nous ne touchons pas à nos frontières avec la Grèce. Et nous observerons la même règle envers l’Albanie, sauf dans le cas où l’on voudrait changer le statut qu’elle a reçu à Londres en 1913. Nous ne pouvons ni ne voulons oublier que le Gouvernement albanais, présidé par Essad Pacha, a observé une conduite non seulement loyale, mais aussi franchement amicale envers les Alliés dans cette guerre. Comme il ne veut pas être ingrat envers ses grands alliés pour tous les secours qu’ils lui ont prodigués, le peuple serbe ne peut non plus être ingrat envers le gouvernement d'Essad Pacha qui a, loyalement et d’une manière chevaleresque, soutenu et favorisé sa pénible retraite à travers l'Albanie et le sauvetage du reste de son armée et de ses réfugiés. Il est à nos yeux paradoxal et même scandaleux de voir aujourd’hui se promener dans la capitale des peuples alliés et se présenter même devant la Conférence de