Les aspirations nationales de la Serbie

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dès le mois de novembre 1914, c’est-à-dire à l’un des moments les plus critiques de la guerre, où les Austro-Hongrois s'étaient avancés sous le commandement du maréchal Potiorek jusqu'au cœur même de notre pays, que la Serbie était pour l'émancipation définitive et pour l’union indissoluble de tous nos frères serbes, croates et slovènes, gémissant sous la domination austro-magyare. Et nos dirigeants sont restés fidèles à cette déclaration à travers toute la lutte tragique par laquelle notre peuple a passé. Les patriotes yougoslaves, échappés à la potence autrichienne, ont accepté, eux aussi, Ce programme, et le Pacte de Corfou a scellé une fois pour toutes notre politique nationale, saluée par la grande sympathie de tous les vrais amis de la liberté des peuples.

Après quinze mois de résistance et sous la pression d’un ennemi trois fois plus nombreux, les troupes serbes, attaquées en même temps, au Nord et à l'Ouest par les armées allemandes et austro-hongroises, à l'Est par toutes les forces bulgares, durent, en un continuel combat, se replier avec le gouvernement royal, d’abord vers le Sud, puis vers l'Ouest à travers l’Albanie. Après leur réorganisation, effectuée à Corfou avec le concours des Alliés, ces mêmes troupes ont repris position à la frontière sud de la Serbie : là, elles ont continué la lutte jusqu’à la victoire décisive de septembre 1918, par laquelle l'ennemi a été définitivement chassé du territoire national.

Des volontaires, Serbes, Croates et Slovènes de l’ancienne Autriche-Hongrie, ont, avec leurs frères de Serbie, rivalisé de dévouement dans cette lutte. Pendant tout le temps qu’elle a duré, ils sont accourus de tous les points du monde, de la Russie, de l'Amérique, de l'Australie même, pour se grouper sous les drapeaux du roi Pierre; ils ont atteint le chiffre d'environ 100.000 combattants dans l'armée serbe. C’est avec des prisonniers austro-hongrois appartenant à notre nationalité que fut formé en Russie, en 1916, un corps d'armée sous le commandement d’un général serbe; ce corps d'armée, venant au Secours de la Roumanie, combattit en Dobroudja. Ses faits d'armes comptent parmi les plus glorieux de cette guerre. Lorsque la Russie sombra