Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECOLÉSIASTIQUE 253

pontifes et des évêques mêmes ont enlevée aux églises, aux curés etaux pauvres pour les incorporer avec une libéralité vraiment désastreuse aux abbayes et autres maisons rentées. De facon que les curés peuvent bien dire, en gémissant pour leurs églises, pour eux et pour leurs pauvres, que des étrangers se sont emparés de leur héritage...

» 20 Les curés, institués par l’auteur même de la religion, pour former le sénat des évêques, pour, avec eux et immédiatement sous eux, remplir les augustes fonetions de pasteurs des âmes, sont aujourd'hui tellement couverts de l'ombre des abbés, prieurset moines rentés, qu'ils ont peine à se faire apercevoir de leurs propres ouailles. Ils espèrent donc que... le meilleur et le plus juste des rois avisera aux moyens... de les rétablir dans leur ordre primitif en les plaçant immédiatement après les évêques et au-dessus des moines et des abbés... »

Ces curés « à portion congrue » de Bouzonville vont jusqu'à dénoncer « la graisse scandaleuse des moines » ct proposer la réforme de la nourriture monacale:

« L'usage établi dans toutes les abbayes et autres maisons régulières de servir (quant au manger) chaque individu par portions à part, mérite d'autant plus d’attention, que cet usage, qui est infiniment abusif, occasionne une consommation de comestibles chers et précieux qui serait au moins bornée à la moitié si cette espèce de citoyens vivait à table ronde; tous les restes de ces portions, qui sont communément trop fortes, ne peuvent plus être servis qu'à des domestiques qui ne sont point cerltainement faits pour vivre aussi précieusement. »

Si lescurés parlent ainsi dans un cahier — officiel — du clergé, que ne devaient-ils pas faire dire dans les cahiers des villages, lorsqu'ils étaient « priés d'écrire au roi », au nom de leurs paroissiens complètement illettrés ? La plupart des doléances des paysans lorrains furent, dit l'abbé