Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

279 LÉS CAHIERS DES CURÉS

Mathieu (1). Mais, après avoir cité le cahier du clergé de Bouzonville comme l'un de ceux où les curés de 1789 montrent le mieux « combien, possesseurs de dimes et de terres, ils étaient versés dans toutes les questions d'économie rurale » ce prêtre érudit omet d'emprunter au supplément de ce cahier, rédigé le 27 mars, (2) les articles originaux par lesquels s'exprime avec violence le ressentiment millénaire des curés contre les moines:

«10 L’axiôme de droit qui dit secularia secularibus, regularia regularibus, malgré qu'il semble consacré par le temps et les docteurs, pose, surtout quant aux bénéfices à charge d’âmes, sur une hypothèse des plus énormes. Jésus-Christ, qui effaec tous les docteurs et dont les institutions ne sont point sujettes à prescription, n’a établi qu'une espèce de charge d’âmes et une seule sorte de pasteurs du second ordre, à savoir: les prêtres séculiers. L'Évangile n'en connait pas d'autre; il s'ensuit que tousles bénéficescures sont séculiers de leur nature comme de leur constitution et que, quand il y en aurait eu de fondés par des réguliers, pour des réguliers, cette fondation, qui ne pouvait être considérée que comme un renversement des principes, désavoué par les Jérôme, les Bernard et tous autres saints fondateurs des ordres monastiques, devrait être déclarée abusive et sujette à correction; que si, dans les temps de malheur et de pénurie de prêtres séculiers, les réguliers ont été appelés à la desserte de nombre de cures, ils ne peuvent disconvenir qu'ils ont été très surabondamment dédommagés de leurs peines, puisque l’accomplissement de ce devoir de charité leur a valu une forte partie de cette opulence qui les a fait si fortement dégénérer de leur état primitif, par cette immensité de dimes que les souverains-

(1) En son curieux livre sur l'Ancien régime en Lorraine et

Barroïs, p. 451. (2) Et reproduit dans les Archives parlementaires, t. V. p. 698.