Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 299

peuple dans les formes qu’elle juge le plus convenables à l'intérêt public... Ils ont encouru, Sire, la peine portée dans votre réglement du 16 mars, et nous ne pouvons plus les regarder que comme les ennemis de la nation et de Votre Majesté... Nous vous supplions de remplacer par d’autres magistrats ceux que nous ne pourrions plus respecter. »

Une autre protestation, non moins véhémente, était formulée et signée de «tous les délégués sachant écrire », contre le compte-rendu publié par la noblesse et par le haut clergé des journées des 26 et 27 janvier, où l'indépendance du tiers-état de l'assemblée provinciale de Bretagne avait été garantie par « le courage et la fermeté des jeunes citoyens bretons. »

Le 20, un délégué de la campagne présenta, au nom des paysans, une adresse aux électeurs du corps pastoral, qui ouvraient leur réunion électorale définitive ce jour-là mème. « La voix publiquenous apprend », disait l’orateur, « qu'à leurs assemblées des 2 et 3 de ce mois, nos pasteurs n’ont pas lous osé suivre la douce inclination qui les porte ordinairement à s'occuper de nos maux. Des hommes ennemis de notre bonheur ont cherché et trouvé le moyen de devenir membres d'une assemblée à laquelle les règlements ne lesavaientpoint appelés etdontils auraient dû s'interdire l'entrée... Alors que le peuple est instruit qu'on trahit sa cause, il est naturel qu'il se réveille pour la défendre. »

L'adresse, — que le tiers-état approuva à l'unanimité, commençait en ces termes :

« Les bons et utiles pasteurs, qui s'occupent de près et « journellement de l'indigence et de l'assistance du peuple, « connaissent plus intimement ses maux et ses appréhen« sions. (1)

(1) Citation tirée des Lettres royales de convocation.