Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 303

Néanmoins, aucun des neuf diocèses ne s’abstint. Leurs vingt-quatre élus, — dont vingt curés et recteurs, les deux principaux des collèges de Nantes et d'Ancenis, un chanoine prémontré et le prieur de l’abbaye de Rebecq, — allèrent siéger à Versailles ét furent maintenus à l’Assemblée nationale malgré les protestations réitérées de l'aristocratie laïque et cléricale, malgré les remontrances suprèmes, adressées au roi par le Parlement de Bretagne le 12 mai 1789 (1).

Non moins ardemment que les aristocrates bretons, ceux de Béarn et Navarre persistèrent jusqu'au bout dans la négation électorale.

Les petits États navarrais se proclamèrent indépendants des États généraux français, les deux royaumes étant, depuis Henri IV, distincts l’un de l’autre selon le traité qui avait uni les deux couronnes sur la même tête, selon le serment que Louis XVI lui-même avait prêté, selon le titre que portaient tous les premiers nés de la dynastie de Bourbon : « rois de France et de Navarre ! » (2).

Les grands recueils manuscrits et imprimés des Actes relatifs aux élections de 1789 ne contiennent aucune trace des élections de Navarre. On voit seulement, en pareourant la liste des membres de l'Assemblée constituante que le clergé navarrais y fut représenté par Monseigneur Pavyée de Villevieille, évêque de Bayonne.

Les États de la Souveraineté de Béarn, illégalement tenus, adressèrent au roi des « griefs, plaintes et doléances » (3). Réserve absolue étant faite des droits tradition-

(1) Voir n° 6 des Pièces justificatives de Duchâtelier. Voir aussi le Procès des faits auxquels la convocation des Etats généraux a donné lieu en Bretagne, par le comte de Kersalaun, (Lh# 1624.) ainsi que la Délibération des Ordres de l'Église et de la Noblesse assemblés à St-Brieuc le 17 avril 4189, (Lb* 1543. Bibl nat.)

(2) Chassin, le Génie de la Révolution, t. I, p. 112,

(3) Arch. parl. NL, p. 497-503.