Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

302 LES CAHIERS DES CURÉS

térêls des Ordres ». Ils dénient d’une manière absolue à quiconque sera élu en dehors des États de Rennes « le titre de représentant de la province. » Ils décident l'impression à dix mille exemplaires de leur protestation, jointe à celle du clergé, pour être distribuée dans les neuf évèchés par leurs commissaires.

Le lendemain, 20 avril, le clergé, sous la présidence de l'évêque de Rennes, expédie au garde des sceaux et aux futurs présidents des trois Ordres dans les États généraux, une Déclaration ainsi conçue :

« L'ordre de l'Église, convoqué par le roi pour nommer ses députés, considérant que ses députés ne peuvent être nommés légalement que dans les États de Bretagne, déclare ne pouvoir procéder à cette nomination dans la présente assemblée, et supplie en conséquence la majorité de convoquer les États de la province afin qu'ils puissent députer aux États généraux suivant les formes anciennes, toujours observées depuis l'union dela Bretagne à la France.

« Ledit Ordre déclare désavouer formellement tous ceux qui, n'ayant pas été nommés par les États de Bretagne, prétendraient représenter aux États généraux la province en quelqu'un des Ordres qui la composent.

« L'Ordre de l'Église déclare, de plus, protester contre les dispositions du 16 mars dernier, qui opèrent dans le clergé une division sans exemple, aussi funeste à la religion qu’au bien de la province » (1).

Pour le tiers-état ces protestations des privilégiés n’étaient que ridicules. Mais clles étaient plus graves pour le clergé inférieur: car les supérieurs avec lesquels religieusement il ne pouvait rompre, les évêques, niaïent tous sans exception, au point de vue de la foi comme de la politique, la validité des élections qu'il faisait ce jour-là même, 20 avril 1789.

(1) Archives parlementaires, V, p. 626 et suiv.