Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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électeurs laïques de 1789 donnant aux États généraux pleins pouvoirs à l'effet de réformer, utiliser, restreindre ou supprimer les ordres monastiques et, d'autre part, d’aliéner leurs propriétés ou de les employer, comme disent les bourgeois de Paris, « pour le bien de l'Église et de l'État. » Souvent même, dans les Cahiers, constate avec douleur un écrivain clérical et royaliste (1), les nobles se montrent encore plus hostiles que le Tiers aux congrégations religieuses. Les gentilhommes du Bas-Vivarais demandent qu'il leur soit interdit « de recevoir des novices » et « qu'il soit offert à chaque monastère d'en séculariser les sujets », attendu que «les motifs qui, en des temps reculés, autorisèrent l'établissement des corps monastiques ne subsistent plus, et que ces corps, en s'éloignant eux-mêmes de l'esprit de leur institution, ont rendu également nuisibles à l'État leur existence et Eur opulence. » Presque nulle part la noblesse ne proteste contre les édits réformateurs et abolitifs de Louis XV; elle exige seulement le compte public des saisies opérées et de l'emploi des revenus (2). Souvent elle se prononce pour « la suppression totale et absolue » des couvents, ainsi que pour la vente de leurs biens (3). M. de Mazaubrun écrit à l'assemblée du Haut-Limousin et à Necker (4) : « Le roi demande des secours afin de payer les dettes de l'État... Que le roi s’approprie tous les biens fonds, cens, rentes, dimes et autres appartenant aux communautés de l’un et de l’autre sexe ; ceux de tous les cha“noines et chanoinesses, ainsi que tous les bénéfices ct abbayes, royaux el autres de son royaume; et qu'on ven-

(1) L. de Poncins, Les Cahiers de 1189 ef les vrais principes libéraux, p. 189.

(2) Cahiers nobles d'Auxerre, Laval, Reims, ete. (3) Cahiers nobles de Montargis, Gien, Montfort-l'Amaury.

(4) Observations manuscrites, Archives nationales, B Ill Ga, los 634-637.