Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMENT DU JEU DE PAUME 309

dra bien aux plus offrants!.… En fermant les portes des couvents, le roi laissera une infinité de bras au monde, que l'appât de la sensualité et de la fainéantise y allire. Il se mettra à portée de payer les dettes de l'État, de détruire beaucoup d'impositions sur le peuple et aussi de récompenser le corps de la noblesse, qui fait le plus bel ornement de son royaume... »

L'idée que le déficit, dont on parle tant, pourrait être comblé avec les biens de l'Église, en particulier avec ceux des couvents, reçoit l'adhésion générale des cahiers ruraux, de ceux mèmes qui sont rédigés par les curés. Les paysans de l'Angoumois (1) vont jusqu'à proposer « que tous Îles moines soient relevés de leurs vœux, avec pleine liberté à ceux qui ne sont pas dans les ordres de se maricr. »

Dans les cahiers réduits des bailliages et sénéchaussées le ticrs-état réclame de toutes parts, — d'uu côté, l'aliénation des biens d'Église, — et de l'autre, « la sécularisation de tous les moines rentés et non rentés, avec pension aux religieux actuels. » Chartres ajoute à cet article : « Ne sera plus re:u de vœux de la part d'aucun religieux de l'un et l’autre sexe. »

« Toutes les maisons d'ermites seront abolies et supprimées », dit Dôle, «etilsera fait défense aux religieux mendiants de recevoir à l'aveniraueun sujet. » Quant aux ordres rentés, d'hommes ou de femmes, ils « seront im médiatement soumis à l'autorité des diocésains ». Montargis insiste afin que les cures qui appartiennent à des couvents « soient renduesaux ordinaires, quetous les religieux soient admisà se faire séculariser et obtenir des évêques de l'emploi dans leurs diocèses ».

La très catholique Bretagne, plus que toute autre province, haïssait les congrégations. (2). « Le pays, lisons-nous

(4) V. l'Angoumois en 1789 par de Chancel.

(2) M. de Poncins reconnait le fait, p, 191 de l'ouvrage cité plus