Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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dans les cahiers du tiers-état de Lannion, Carhaix, Lesneven, Saint-Brieuc, est couvert d’abbayes et de communautés inutiles... Elles sont onéreuses au public... Elles ne servent qu'à nourrir l’indolence et àenlever les bras à la culture, à l'industrie, aux différentes professions.,. Qu'onles supprime donc et que leurs reyenus soient appliqués à des établissements charitables et à l’acquit des dettes de la nation ! » Nous ne connaissons qu’une sénéchaussée bretonne, Quimperlé, où l'on demande non la destruction, mais la réforme des religieux rentés, — point des mendiants, en proposant de «les ramener à la pureté de leur institution primitive », et, par exemple, « afin de les rendre utiles », de charger les bénédietins de l'instruction de la jeunesse, de forcer les bernardins « à faire des plantations et _défrichements », ce qui était d'utilité publique en Bretagne.

Avec l'unanimité du tiers-état interdisant « la mendicité pour l’ecclésiastique comme pour le civil », comme on dit en Angoumois, et exigeant, s'il subsiste des congrégaltions, qu'elles soient sans exception immédiatement soumises à l'autorité diocésaine, s'accordent les curés partout où ils sont les maitres et peuvent exprimer leur pensée entière.

Nous avons suivi à travers toutes les provinces la lutte des séculiers contre les réguliers. Le résultat en est contenu dans ces vœux de la majorité du clergé des provinces :

« Que cesse une mendicité exposant les religieux à la

- dérision, aux scandales, aux dangers et qu’on fasse refluer les mendiants dans quelques-unes de leurs maisons (1),» ou

haut. Mais il n’explique pas pourquoi les électeurs du tiers-état, après avoir demandé l'élection des curés et des évèques par le peuple, se montrent implacables à l'égard des monastères. C'est que les évèques et les abbés, unis aux nobles et au Parlement de Rennes, s'étaient révoltés contre la convocation des États généraux, et que les élections bourgeoises et paroissiales se faisaient malgré eux, radicalement hostiles, par conséquent. (1)Cahiers du clergé de Montargis, Mantes, Châtillon-sur-Seine,