Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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religieuses hospitalières et administré par les officiers municipaux. L'intérêt le plus cher à la nation est de conserver les bras destinés à l’agriculture. »

Un hospice spécial est réclamé dans chaque ville, sinon

pour prévenir la débauche, au moins pour en réparer « l'atrocité », ainsi qu'un « lieu de force pour ces créatures, dont l'infâme métier est de corrompre la jeunesse et de lui transmettre un poison meurtrier, dont le germe se perpétue de génération en génération. » Quant aux « fruits innocents du libertinage, désavoués de leurs auteurs, ils appartiennent en commun à toute la société, etils pourraient lui devenir utiles si elle veillait plus attentivement à leurs jours et à leur éducation ; mais, confiés à des mains mercenaires et quelquefois homicides, rarement arrivent-ils au lieu destiné à leur conservat'on. » (1) * Ainsi les curés du Loudunois présentaient, il y a près d'un siècle, sur la protection de l'enfance, sur les hôpitaux de district ou de canton et même sur la médecine publique dans les villages, des idées d'humanité pratique qui n’ont pu commencer à être réalisées que sous la troisième République !

Ils ne se dissimulaient pas combien les réformes et les institutions de bienfaisance dont ils indiquaient le plan trouveraient d'obstacles dans un moment critique, où les ressources manquaient à l'État. Cependant, écrivaient-ils en leur touchant cahier, nous comptons bien sur « l’entremise du crédit et de l'autorité de nos seigneurs les évèques pour la réunion, suppression ou destruction d'une multitude de bénéfices qui ne servent qu'à entretenir l'oisiveté ou à nourrir le faste de ceux qui les possèdent. Les fonds qui en proviendraient seraient peut-être suffisants

(1) Voir plus loin, 5° partie, ch. 3, ce que disent sur ces mêmes questions de bienfaisance publique les Dauphinois, dans le dernier cahier des curés.