Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

326 LES CÂHIÈRS DES CURÉS

Grégoire fait celle remarque très curieuse que, tandis que le sanctuaire était fermé aux prêtres mariés par la prétendue hérésie française, l'Église romaine, avant

après le Concordat, se montra de bien plus facile composition, et réintégra dans le ministère les curés et moines mariés, « qu'on dépaysait en les éloignant momentanément du lieu de leurs scandales (1).

Pour épuiser ici cette question incidente, constatons qu'elle a été éliminée des cahiers généraux du tiers-état et de la noblesse, aussi bien que de ceux du clergé. Des allusions y sont faites quelquefois dans certains cahiers primitifs des villages où les paysans n’ont pas pris pour secrétaire rédacteur lé curé, ayant peut-être à se plaindre de ses mœurs. Ainsi à Vaucresson (2), où l'on veut « qu'il soit enjoint aux curés de n'avoir pour gouvernantes que des femmes de cinquante ans. » Ainsi à Combault (3), où l’on prétend forcer les ecclésiastiques à ne jamais quitter l’habit « de leur caractère, sans pouvoir se revêtir d’habits de couleur qui les déguisent, au scandale de la religion. »

Quelquefois une distinction est faite, quant au mariage, entre les religieux et les prêtres. Jusque dans les cahiers généraux, l'ouverture des cloitres implique la faculté dese marier pour ceux qui en sortiront. Seul, à Paris, ledistrict des Théatins revendique expressément pour tous ecclésiastiques quelconques « la liberté de se marier, qui n’est point incompatible avec leurs fonctions et ne leur est interdite par aucune loi divine. »(4) Seule, en province, la petite ville de Chalaiïs (sénéchaussée de Saintes), développe son vœu en faveur du mariage des prètres (5) :

(4) Chapitre IX.

& Arch. part. IV, 59. (3) Ibid. 45%.

(4) Arch, part, VI, 316 (5) Arch. parl. V, 674-680.