Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LË SERMENT DU JEU DE PAUME 345

généraliser l'usage du bouverot lorrain et champenois, c’est-à-dire posséder un bout de terre cultivable autour du presbytère et, comme leurs paroissiens aux dépens de la féodalité, devenir petits propriélaires aux dépens du haut clergé.

La pensée d’un curé de Saintonge (1), d'organiser une caisse ecclésiastique sur le modèle de la « Caisse royale militaire », se retrouve dans les cahiers officiels. À Cacn, on propose « une caisse ecclésiastique remplaçant les économats »; en Poitou (2), une « Caisse de la religion », qui aiderait à « fonder des maisons d'éducation, et à extirper la mendicilé. »

Les curés appuient partout les prélats et même les congrégations, dans leurs plaintes très vives contre les économats, — « exploitation ruineuse de l'Église » (3), — où la fantaisie royale accumulait les bénéfices en vacance arbitrairement prolongée, les immeubles saisis des couvents fermés, et en emplovait les revenus au profit des favoris et des favorites, sans jamais rendre de comptes. ‘

Mais cette réprobation universelle des procédés violents, frauduleux, dont la monarchie usait à l'égard des biens ecclésiastiques, comme des autres, les curés ne la tournent pas, comme essaie de le faire le haut clergé, qui profitait seul des faveurs royales, en une revendicalion du droit divin de la mainmorte contre le droit humain de l'État. Ils s'élèvent contre tous les désordres, les religieux et les civils ; ils n’attendent le rétablissement de la probité, pour ce qui les regarde comme pour ce qui concerne toutes les classes, tous les individus, que de l’Assemblée nationale, dont ils ne cessent de reconnaitre la toute-puissance.

(1) Voir ci-dessus page 225. (2) Cahiers du clergé de Poitiers et de Loudun, (3) Cahier du clerzé de Péronne,