Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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trois volumes du Résumé général des cahiers (1), l'aliénation des biens d'Église aurait été réclamée par l'unanimité du tiers-état et repoussée par l'unanimité du clergé.

C'est inexact. Le tiers-état a une minorité favorable à la réduction des propriétés ecclésiastiques « au nécessaire religieux et social ». Nombreux sont les cahiers des curés où manque l'article sur l'inviolabilité du « domaine sacré », article toujours mis au premier rang par les assemblées que les riches bénéficicrs dominent.

La thèse de l'aristocratie eléricale est résumée en ces termes dans le cahier de Châlons-sur-Marne, dicté par l’évêque, pair de France :

« Que le clergé qui n'acquiert plus » — depuis l'édit de 1749 — « qui n'est qu'usufruitier, qui ne se considère que comme dépositaire des biens dont il jouit, ne puisse dans aucun cas consentir l’aliénation de ses propriétés, »

Ce que s’abstiennent de dire les curés offrant souvent, pour combler le déficit royal, telle part des biens ecclésiastiques, que l'Assemblée nationale estimera nécessaire.

Beaucoup pensent, comme le curé de Mouy (2), que tous les trésors des églises pouraient ètre fondus pour satisfaire aux besoins de la Nation.

A travers les cahiers du clergéinférieur reparait fréquement cette idée :

Les sacrifices exigés par la situation du Trésor public étant accordés avec générosité, ne pourrait-on pas réserver pour l'Église, réformée de fond en comble, une source de biens qui, honnétement administrés, équitablement réparLis, couvrirait, mieux peut-être qu'un impôt, les dépenses du culle et de la bienfaisance ?

Les pasteurs des campagnes désireraient voir élargir,

(1) Par Prudhomme et Laurent (de Mézières), in-80, 1789. (2) Voir ci-dessus p, 260.