Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LE SERMENT DU JEU DE PAUME 343

dans ceux de la Normandie, où il est généralement coutumier. Lors du décès des curés, lisons-nous dans le cahier d'Évreux (1), « les héritiers jouissent quelquefois du revenu de l’année commencée, et les évêques jouissent du revenu de l’année suivante, à charge de payer le service; l'année des héritiers, peut, à la vérité, servir de gage pour la réparation du presbytère; mais de cet usage il résulte que, le titulaire ou le desservant, pendant l'année du déport, sont privés des ressources nécessaires pour leur subsistance et pour le soulagement des pauvres des paroisses. »

Dans le Rouergue (2) et dans le Bourbonnais (3), l'iniquilé du déport s'étendait jusqu'à la saisie des misérables hardes et du lit mortuaire des curés !

Toutes les violences et toutes les ruses sont en vain employées par le haut clergé pour faire effacer des cahiers la révélation de ces infamies. Lorsqu’elles y ont trouvé place, il a quelquefois l’impudeur de protester. Ainsi, en Bigorre, l'évêque et les gros décimateurs vont jusqu'à réputer l'aboliion du déport un attentat à la propriété sacrée de l'Eglise ! (4).

Les maladresses de ce genre rallient les plus modérés des curés au soulèvement-du liers-état contre les biens de main morte. Si, par exemple, les curés de Ghâtillon-surSeine (3) sont amenés à proclamer que « toutes les propriétés seront respectées », il devient impossible de les empècher d'ajouter : « Excepté celles qui seront jugées abusives par les États généraux. »

D'après les tables statistiques qui terminent chacun des

(1) Bose, Mémoires sur le Rouergue, déjà cités. (2) Art. 9 du cahier du clergé de Moulins. (3) Arch. Part. 1, 354,

(4) Ibid, IT, 700,