Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

388 LES CAIIERS DES CURÉS

la majorité des députés de l'Ordre du clergé. Cette réunion, qui n’a aujourd’hui pour objet que la vérification commune des pouvoirs, est le signal et je puis dire le prélude de lunion constante que le clergé désire avec tous les Ordres. »

Bailly répond: « Vous voyezla joie, et les acclamationsque votre présence fait naître. La France bénira ce jour mémorable. Il nous reste encore des vœux à former, je vois avec peine que les frères d’un autre Ordre manquent à cette auguste famille. »

Seize ecclésiastiques sont aussitôt nommés membres du comité de vérification des pouvoirs: parmi eux l'abbé Grégoire, dont le nom est très vivement applaudi.

Target s'écrie: « La Providencesemble avoir voulu rendre ce jour encore plus solennel en convertissant Le temple de la religion en temple de la patrie. »

Il propose d'envoyer au roi la liste des ecclésiastiques qui viennent de donner le grand exemple de l’union et de la concorde. Et que cette liste soit « imprimée en lettres d'or, » ajoute le président d’une voix émue, les veux pleins de larmes.

« Nous avons des frères qui ne sont pas ici, » objecte l'archevêque de Bordeaux; « donnons-leur le temps de se rendre aux vœux de la nation! »

Un mouvement se produit parmi les spectateurs. On fait place, en battant des mains, à deux députés de la noblesse, le marquis de Blacons et le comte Antoine d'Agoust, qui se présentent pour être vérifiés, « l'exemple du clergé ayant levé tous leurs scrupules. »

À Saint-Louis, au Jeu de Paume, on avait crié: « Vive le roi! » Parmi ceux qui venaient de s’instituer « l'Assemblée nationale » malgré le roi, tous sans exception étaient royalistes. Les députés, le peuple même de Paris, déjà si agité, et la France entière se seraient prosternés aux pieds du