Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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honneur par le titre LIT de la Constitution civile, où elle dit (art. 1e): « Les ministres de la religion exercent les premières et les plus importantes fonctions de la société, et, obligés de résider continuellement dans le lieu du service auquel la confiance des peuples les a appelés, seront défrayés par la nation. » Logement convenable, traitement suffisant en argent et payé d'avance, de trois mois en trois mois, par le trésorier du district (art. 2, 3, 7); plus, des pensions aux curés et vicaires infirmes ou trop vieux pour exercer le ministère (art. 9 et 10); d’un autre côté, abolilion du casuel, entière gratuité des services épiscopaux et curiaux: ainsi sont réalisées les justes demandes des électeurs « congruistes » contre lesdilapidateurs des biens de l'Église, galants abbés en commende et prélats cumulards aussi corrompus qu'incrédules.

Aux réclamations opposées jusqu'à la fin par les curés eux-mêmes, — comme on le voit dans le cahier en retard des Dauphinois, — contre l’aliénation totale et l’abolition même des propriétés d'Église, la Constituante n'auraitelle pas coupé court, si, par exemple, elle avait admis, au nombre des biens communaux, un fond propre à la cure ?

Les curés de Lorraine avaient demandé la conservation de leurs bouverots; ceux de Champagne en avaient réclamé la restitution, les ayant presque partout perdus en même temps que les dimes. Dans dix autres provinces, les « congruistes » avaient exprimé le vœu d'être dotés partie en argent, partie en denrées et en petits fonds de terre. On remarque l’insistance des curés du Dauphiné à revenir sur ce détail et en expliquer l'utilité pratique, le pasteur pouvant devenir l’instituteur agricole de ses paroissiens.

Élargir le jardin de la cure, généraliser le bouverot, c’eût été intéresser matériellement les curés à la Révolution autant que les paysans eux-mêmes. L'amour de la terre,