Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES PREMIERS COMPLOTS 99

à lui cacher la vérité. Mais son chef d'état-major, le colonel Fabvier, aidé de l’honnête Sainneville, se livra à une enquête particulière qui lui permit d’éclairer le maréchal. Marmont eut le courage de parler de justice, le ministère eut le bon sens de l’écouter. On adoucit les condamnations prononcées, on élargit les prisonniers, on remit les amendes, etc. Le préfet fut déplacé, et Canuel fut dépossédé de la 19e division militaire. Mais il passa inspecteur général de l'infanterie, et son rêve fut exaucé. Il devint baron (1).

Ces deux affaires, où furent mêlés des officiers comme Bedrine, Brunet et Theron, à Bordeaux, Oudin et quelques autres, à Lyon, sel rattachent encore à la politique. Le premier complot purement militaire est de 1817. C’est celui de plusieurs sous-officiers d’un

régiment de la garde, « prévenus d’avoir formé un

(x) Cf, Mémoires de Marmont, t. vu, avec un long appendice consacré à cette affaire qui souleva de vives polémiques. Car le préfet, M. de Chabrol (plus tard préfet de la Seine), et le maire de Lyon, M. de Fargues, publièrent chacun un plaidoyer personnel, sans parler du Compte rendu de Sainneville, et du livre de Fabvier, Lyon en 1817 (Paris, chez Delaunay, in-8°, 1818), auquel répondit naturellement Canuel : Réponse de M. le lieutenant-général Canuel à l'écrit intitulé : Lyon en 1817.— Paris, 1818, in-8, chez Dentu.

Pasquier, dans ses Mémoires (t. 1v), croit à la conspiration, et n’admet pas qu’elle fût une invention de Canuel. Mais luimème, qui était alors ministre de la justice, témoigna d’une grande légèreté.

Canuel, que Napoléon n'avait jamais voulu employer, servit dans l'expédition d’Espagne en 1823, Il mourut en 1841.