Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

98 LES COMPLOTS MILITAIRES

masse et les prisons regorgèrent. La cour prévôtale de Lyon, obéissant aux passions qui avaient entrainé la cour prévôtale de Grenoble, dans l'affaire Didier, multiplia les condamnations. Sur 1955 personnes arrêtées, 110 furent condamnées, et 28 à la peine de mort. Il y eut 12 exécutions, dont celle du capitaine Oudin, à Saint-Genis-Laval, et celle d’un garçon de seize ans, devant la maison de sa mère. La guillotine se transportait de commune en commune. Car, au lieu d’envelopper tous les accusés dans la même procédure, la cour avait partagé la banlieue de Lyon en douze catégories qu’elle jugeait successivement (1).

Il s’éleva de telles plaintes contre ces crimes de la justice; Camille Jordan, député du Rhône, les dénonça à la tribune avec une telle indignation, que le gouvernement finit par s’émouvoir., Le maréchal Marmont, duc de Raguse, fut envoyé à Lyon avec des pouvoirs extraordinaires, pour conduire une en-

quête. Il fut d’abord entouré de gens qui travaillèrent

(1) Les cours prévôtales avaient été instituées par ordonnance du 20 décembre 1815 et subsistèrent jusqu’en 1818.

1l y en avait une par département. Elle était composée d’un president, d’un prévôt militaire, ayant le plus souvent le grade de colonel, et de cinq juges civils, sans l'assistance du jury. Les jugements étaient rendus sur l'heure, les arrêts sans appel, et exécutoires dans les vingt-quatre heures. Tel individu, jugé le matin, était exécuté dans l'après-midi. On vit quelquefois les juges aider le bourreau à dresser l’échafaud, pour aller plus vite. A Montpellier, le 22 juillet1816, cinq individus, condamnés dans l'après-midi, furent guillotinés le soir même, aux flambeaux,