Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

138 LES COMPLOTS MILITAIRES

l’histoire. Celui des Bourbons était tout de fantaisie, c'était celui des romans de cape et d'épée; le Gascon batailleur et généreux, spirituel et galant, l’ami de Crillon, de Gabrielle et du meunier Michaud; le soldat d'Ivry, le roi de la poule au pot.

De même pour Napoléon. Au lieu du soldat ambitieux de Brumaire, entré à main armée dans notre histoire, confisquant à son profit l’œuvre de la Révolution, jetant la France dans des guerres effroyables pour la laisser vaincue et démembrée, la légende impérialiste présentait un Napoléon bon fils, bon camarade, bon époux, bon père de famille, soldat sensible et vertueux, que des rêves de philanthropie hantaient les soirs de bataille, qui ne demandait qu’à faire le bonheur de l'Europe, après l’avoir conquise, et victime au milieu des mers lointaines de la jalousie de la perfide Albion. Ce Napoléon idéal servait le parti, comme le Henri IV romanesque servait la Restauration.

Aujourd’hui, et depuis quelques années, l’Empire est devenu l'objet d’une singulière faveur. Mémoires, documents inédits, on ne nous fait grâce d'aucun détail sur Napoléon. En sommes-nous plus avancés ? Ce qui caractérise cet homme extraordinaire dans l'histoire de l'humanité, c’est que, plus on l’étudie, plus il demeure impénétrable.

Le gouvernement pensait que la mort de son héros