Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

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sur le programme lu par Vallé, dont la police avait recueilli et rassemblé les morceaux, et sur quelques aveux de participation, échappés à plusieurs prévenus au début de l'instruction, mais rétractés par eux à l’audience. Ce programme et ces aveux n'étaient pas des charges bien lourdes. Vallé n'en fut pas moins condamné à mort, ainsi que Caron, contumace.

Il fut exécuté le 10 juin, à midi. Il montra la plus grande fermeté. Après avoir bien déjeuné, il fut conduit à la porte d'Italie, à pied. Sur la route, il s'arrêta devant un débit de liqueurs, et se fit apporter un petit verre qu'il but gaiement «à la France, et aux braves ! » Au pied de l’échafaud, il repoussa une dernière fois l'assistance des prêtres qui l’avaient accompagné, et se livra à l'exécuteur (1).

Mais de toutes les victimes de ce temps, il n’en est pas qui aient excité autant de sympathies, ni qui aient laissé autant de regrets que les sergents du 45° de ligne connus sous le nom des quatre sergents de La Rochelle. La légende s’est faite autour de leur infortune. L'histoire suffit à la rendre touchante.

Le 45° avait été formé à Chartres, en 1816, des débris de l’armée de la Loire. Beaucoup de soldats

étaient d'anciens sous-officiers de l’Empire; plusieurs

(1) En 1831, une grande manifestation eut lieu au cimetière de Toulon, à la mémoire de Vallé, et un monument lui fut élevé par souscription publique, en 1833.